Le reptile

Je pense. L'influx nerveux passe par la panse de mon sexe. Mes lèvres gercent. Ma rétine droite perce et je tergiverse alors que l'oeil gauche angoisse. Des brouillons j'en froisse. Dans ma tête macère un bouillon froid que le temps brasse dès qu'il passe. Des bulles d'air à haute teneur en gaz remontent. Un aspic à l'aspect avide refait surface. Il apparaitt précisément où les bulles remontant en chute libre vinrent s'écraser. Un douzième coups sonne. Tinte, cloche. Mais j'ai la tête lourde comme une roche sous mon coussin. En elle le liquide s'amenuise, toute la soupe coule d'un trou. Un tourbillon dont les remous luisent anime tout le vil bouillon, la pauvre vipère s'y perd et elle son nord. Ce point cardinal lui échappe. Elle s'apprête à tomber dans les vapes mais son instinct frappe. Ses crocs claquent, elle mord à tort et surtout à travers. Elle me lacère les membranes. Une force qui m'est invisible me déchiquette le torse comme 100 lames. Une rigole irrigue l'épicentre de l'ensemble de mon épiderme comme le vent insistant façonne avec aléatoire précision la façade d'une falaise. Mes côtes sont celles de cette rivière triviale. J'y affale mes malaises. M'y ferme l'oeil fonctionnel. Je déteste et me délecte de mon allure alluviale. La faim céleste me laisse paludien.

La termitière

Heureux mais par cycle, car très tard de fumée le pétard gicle.
Ma tête est en détention léthargique.
Toute ma prétention valse, lessivée de sa franchise,
Dans la salle de bal sous l'emprise de ces choses que les gens disent.
Maladroite en esti et sans leste celle-ci écrase les orteils de ma modestie,
Modulant mon estime, ondulante et acrobatique dans son inconstance.
Passage probatique obligatoire et dérivatif d'un jeune parmi tant d'autres rêvant sa gloire.
Il y a tant d'insectes insignifiants inconscients.
Ma lucidité ne dure jamais bien longtemps.
J'ai donc six pattes par intermittence.
Il pleut de mes yeux jusqu'où tous les termites dansent,
Un édifice qui d'évidence ignore les contraintes des distances,
Solide comme un fort de granite, en son for les termites s'agitent.
À la hauteur de mon front, ces insectes forment un pont.
Petits, percez ma gueule de bois, et vous sera versée ma conscience un neurone à la fois.

Thrud la mante (première partie)

Sent l'odeur des microbes et des germes, horribles et très laids, t'envahissant et s'hissant en ton crâne pour prendre le contrôle de ton âme. Miction et gerbe, porridge aigre, caractéristiques typiques du supplice que ceux vers qui tend son désir subissent. Pauvres victimes, votre assaillant est une assaillante. Une mauvaise dame divine et calme qui flotte entre ciel et terre et erre sans faire de bruit la nuit. Reine de mort et fille de thor, valkyrie qui avale les mâles par kyriel. Elle a des boucles d'or couleur ocre qui saoulent comme de l'orge, cette reine des ogres te lorgne, te regarde, te suit, te surveille. Gâche ton sommeil et cache ton soleil derrière sa pluie épuisante et plus corrosive qu'un mélange de kérosène et de bilharziose. Elle te mord toi et toi la poussière dès qu'elle grogne et te souffle son haleine de morgue. Magicienne vagissante envahissante aux sortilèges surpuissants au point de transformer chats en tigres et rats en hydres. Tu le sais: ce soir elle te trouve cette odieuse et cupide harpie. Seulement, elle ne veut pas te réduire en charpie, en elle une étincelle le prouve. Elle couve un secret vivide et naïf.